X. La finance inclusive et le secteur privé

Prix européen de la microfinance © Marie De Decker

Prix européen de la microfinance © Marie De Decker

La microfinance et la finance inclusive

La Coopération luxembourgeoise s’engage depuis une vingtaine d’années pour soutenir activement le développement de la microfinance et de la finance inclusive, reconnaissant que ces outils constituent des mécanismes importants pour la réduction de la pauvreté. En 2016, les efforts ont été reconduits pour canaliser les appuis financiers avec l’objectif de mieux les déployer dans des secteurs spécifiques et d’améliorer l’efficience de l’utilisation des fonds dans les pays partenaires de la Coopération.

Avec cette approche d’efficience, la Coopération a reconduit en 2016 ses engagements pluriannuels avec différents partenaires actifs dans la finance inclusive, tels que le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) pour la période 2016-2018 ou LuxFlag pour la période 2016-2017. Une série d’autres renouvellements similaires auront lieu en 2017 avec le réseau luxembourgeois de la finance inclusive, Inclusive Finance Network Luxembourg (InFiNe.lu), la Plateforme européenne de la microfinance (e-MFP), ainsi que le Microinsurance Network (MiN).

À l’instar des années passées, le ministère a soutenu InFiNe.lu et e-MFP pour l’organisation de l’annuel Prix européen de la microfinance, dont la cérémonie s’est tenue dans les locaux de la Banque européenne d’investissement (BEI) le 17 novembre 2016. La huitième édition du prix avait pour objectif de récompenser les instituts de microfinance travaillant dans la mise en œuvre de solutions innovantes pour faciliter l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour les jeunes et les adultes et pour favoriser ainsi la création d’activités économiques. Le Grand Jury, présidé par S.A.R. la Grande-Duchesse, avait pour tâche la sélection du vainqueur parmi les trois finalistes venant de l’Ouganda, du Guatemala et du Pakistan. En 2016, c’est la Kashf Foundation du Pakistan qui a remporté le prix de 100 000 euros pour son programme de financement des écoles privées à bas coûts. Au cours du mois de novembre 2016, le ministère a de même contribué à la Semaine européenne de la microfinance, organisée par e-MFP. La Coopération a également soutenu l’organisation de la réunion annuelle du CGAP, qui s’est tenue du 9 au 11 mai 2016 à la Chambre de commerce à Luxembourg, en présence de S.A.R. la
Grande-Duchesse. 

Ensemble avec le ministère des Finances, la Coopération luxembourgeoise continue à soutenir le Luxembourg Microfinance and Development Fund (LMDF), un fonds d’investissement en microfinance domicilié au Luxembourg, dont l’activité consiste à appuyer de manière ciblée des institutions de microfinance de petite et de moyenne tailles, actives en Afrique, Amérique latine et Asie du Sud-Ouest. De plus, le ministère accompagne LMDF dans la mise en place d’un nouveau sous-fonds, qui vise à investir dans des projets de sylviculture dans des forêts tropicales en Amérique centrale. Le projet est en train de se concrétiser et l’objectif est de rétablir des zones forestières secondaires ou dégradées et de les rendre économiquement, écologiquement et socialement viables.

À travers le fonds fiduciaire FEMIP, le Luxembourg, la BEI et l’ONG ADA soutiennent le projet MicroMED Tunisie, qui a pour but d’améliorer l’environnement réglementaire tunisien ainsi que de renforcer les capacités des institutions de finance inclusive. Dans les pays ACP, la Coopération a financé l’appui technique à deux projets de microfinance au Sénégal et en Éthiopie. 

Enfin, un nouveau projet intitulé Agri+ a été mis en place par SOS Faim sous mandat de la Coopération luxembourgeoise pour la période 2016-2022. Le projet vise à transformer et à moderniser les exploitations agricoles familiales dans des zones ciblées au Burkina Faso et au Mali.

Le secteur privé

Le dynamisme du secteur privé joue un rôle de plus en plus important en matière de développement. L’entreprise privée, l’investissement et l’innovation sont d’importants moteurs de la productivité et donc de la croissance économique et de la création d’emplois. Dans le Programme d’action d’Addis Abeba de 2015 sur le financement du développement, les États s’engagent à élaborer des politiques et à renforcer la réglementation pour mieux faire converger les incitations adressées au secteur privé et les objectifs publics, notamment les mesures qui incitent le secteur privé à adopter des pratiques viables à terme, et des politiques qui encouragent des investissements de qualité réalisés pour le long terme.

Lancée en avril 2016 par le ministre Schneider, la Business Partnership Facility (BPF) est un nouvel outil de la Coopération luxembourgeoise pour contribuer au développement durable et à la croissance inclusive dans les pays en développement et prenant ainsi en compte la nouvelle réalité susmentionnée. La BPF est une facilité de financement visant à encourager le secteur privé luxembourgeois et européen à s’associer avec des partenaires dans les pays en développement pour mettre en place des projets commerciaux durables. 

La facilité est dotée d’un budget annuel d’un million d’euros destiné à cofinancer des initiatives du secteur privé qui contribuent au développement et à la création d’emplois dans les pays en développement et/ou au transfert de technologies. Les secteurs éligibles sont au nombre de quatre: i) Biohealth, ii) Technologies de l’information et de la communication (TIC), iii) Fintech et iv) Eco-innovation. Alors que la facilité cible tous les pays en développement, les pays où le Luxembourg est présent sont privilégiés. 

Les critères de sélection de la soumission de propositions sont notamment : la contribution à la réalisation des Objectifs de développement durable, l’additionalité de cofinancement par la facilité BPF, la neutralité (ne pas créer de distorsions du marché), l’intérêt commun entre les partenaires et la responsabilité mutuelle, l’effet de démonstration et la réplicabilité et enfin le respect des normes sociales, environnementales et fiscales.

La première édition de la BPF a été un plein succès avec 20 candidatures reçues suite à l’appel à propositions. Après un processus substantiel d’évaluation, le comité de sélection a décidé de retenir 4 projets, dont un au Burkina Faso (TIC), un au Cabo Verde (Eco-Innovation) et deux au Sénégal (Eco-Innovation, TIC). Le montant total du cofinancement via la BPF 2016 s’est élevé à 663 650 euros.

La Coopération luxembourgeoise est également engagée au niveau multilatéral. Le Cadre intégré renforcé (CIR) est un programme multidonateurs lié directement à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui aide les pays les moins avancés à jouer un rôle plus actif dans le système commercial multilatéral. Le Luxembourg avait contribué à hauteur de 4,5 millions d’euros à la première phase du Cadre intégré renforcé qui couvrait la période 2009-2015. Après une évaluation positive en 2014, le comité directeur du programme a donné son aval en mai 2015 pour le lancement d’une deuxième phase de 2016 à 2022. L’accord de contribution entre le Luxembourg et le Bureau des Nations unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) pour cette deuxième phase a été formellement signé le 8 juin 2016. L’engagement financier pour 2016-2022 s’élève de nouveau à 4,5 millions d’euros, portant ainsi la contribution totale du Luxembourg à 9 millions d’euros.