Préface

Le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider

Préface de Monsieur le ministre

Chers(ères) ami(e)s de la Coopération luxembourgeoise,

Alors que 2015 fut marquée par les grands rendez-vous onusiens de développement, par notre présidence du Conseil de l’UE et par l’Année européenne pour le développement, 2016 a été marquée par les grands dossiers humanitaires. 

Nous avons connu des crises continues auxquelles la communauté internationale a du mal à trouver des réponses à la hauteur des défis, comme en Syrie et dans les pays voisins, mais aussi au Yémen, en République centrafricaine (RCA), dans la Corne de l’Afrique ou en Irak. Certaines crises, comme celle de la Syrie, sont si longues que les réponses humanitaires d’urgence montrent leurs limites. D’autres crises sombrent dans l’oubli, comme celle autour du lac Tchad, ou encore celle en Afghanistan, alors que des milliers, voire des millions de personnes ne survivent que grâce à l’aide humanitaire.

La conférence de Londres le 4 février 2016 a essayé de donner une réponse coordonnée humanitaire et de développement à la crise syrienne avec une prévisibilité des engagements jusqu’en 2020. Le Luxembourg s’y est engagé avec plus de 37 millions d’euros ! Jamais un engagement d’une telle envergure n’avait été pris auparavant.

Nous avons continué nos échanges avec les grands acteurs multilatéraux du domaine humanitaire avec la visite du nouveau Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, à la mi-avril 2016 à Luxembourg. Avec plus de 60 millions de personnes chassées de chez elles, et ce pour une durée moyenne de 18 ans, les défis restent tout simplement énormes et exigent toute notre attention.

Tous les efforts pour répondre plus efficacement aux défis humanitaires de notre temps ont convergé à l’occasion du premier Sommet humanitaire mondial qui s’est tenu les 23 et 24 mai à Istanbul. Le Luxembourg a tenu à y être représenté par le Premier ministre, que j’ai eu le plaisir d’accompagner. Nous y avons pris des engagements en assistance humanitaire, mais aussi en matière de droit international humanitaire que nous mettons en œuvre au fur et à mesure avec nos partenaires humanitaires. Ce sont d’une part les ONG humanitaires luxembourgeoises avec lesquelles nous sommes liés par une charte signée à la suite du sommet, et d’autre part les agences multilatérales avec lesquelles nous avons, entre la fin de l’année 2016 et le début de l’année 2017, renouvelé les accords de partenariat stratégiques.

Par son outil emergency.lu, le Luxembourg continue aussi à être bien placé pour répondre aux besoins humanitaires en communication satellitaire engendrés par les catastrophes naturelles, comme c’était par exemple le cas à Haïti, à la suite du passage de l’ouragan Matthew.

Même si l’assistance humanitaire a demandé une attention particulière en 2016, nous n’avons pas négligé nos relations de développement avec nos pays partenaires. Après une période de troubles, je me suis particulièrement réjoui de pouvoir me rendre au Burkina Faso du 28 février au 2 mars pour reprendre le cours de nos relations bilatérales avec le nouveau gouvernement disposant de la pleine légitimité démocratique. Nous avons pu finaliser au cours de l’année une nouvelle programmation avec ce pays à travers un 3e Programme indicatif de Coopération, signé en novembre 2016, qui s’inscrit parfaitement dans les priorités du gouvernement burkinabè, présentées à la conférence des bailleurs les 7 et 8 décembre à Paris. 

Malgré les défis de sécurité que rencontre le Mali, notamment dans la région du centre, nous avons pu progresser dans la mise en œuvre du PIC et faire le point avec tous les acteurs de ce programme à Bamako début mai.

J’ai été très honoré de pouvoir recevoir à Luxembourg le nouveau ministre des Affaires étrangères du Cabo Verde le 2 juin, peu après que le nouveau gouvernement issu des élections a été formé. C’est pour moi un signe de l’excellence de notre partenariat avec ce pays.

En octobre, j’ai pu pour la première fois me rendre au Kosovo pour signer une nouvelle programmation multi-annuelle avec le pays, qui comporte certes des actions dans les secteurs sociaux, mais aussi une assistance technique pour accompagner ce pays dans sa voie vers l’Union européenne.

J’aimerais souligner que mon département est désormais présent dans tous nos pays partenaires depuis l’ouverture, en mai 2016, de bureaux à Bamako et Niamey. Cela nous permet de mieux suivre la mise en œuvre de nos programmes et d’établir des dialogues plus réguliers avec nos différents partenaires sur place.

Mais au-delà de nos partenaires les plus proches, je crois utile de nous engager dans certains pays les moins avancés dans lesquels les crises humanitaires se succèdent et pour lesquels un engagement de développement de notre part est à l’étude. C’est ainsi que des discussions ont eu lieu avec les responsables de la RCA en marge des Journées européennes du développement début juin à Bruxelles et que le Luxembourg a participé à la conférence des donateurs le 17 novembre.

Je crois pouvoir dire qu’au cours de l’année 2016, nous avons aussi progressé en matière de cohérence des politiques pour le développement. Le Comité interministériel pour la coopération au développement a examiné différents thèmes sous cet angle pour voir s’il était en mesure de donner un avis. Comme pour les années précédentes, le lecteur de ce rapport y trouvera un résumé des travaux du comité. Suite à une réunion du Cercle de coopération des ONG avec le Premier ministre et moi-même sur un dialogue encore renforcé, il a été retenu que le Cercle assisterait désormais comme observateur actif à l’ensemble des débats du Comité interministériel sur la cohérence des politiques. 

Comme suite des grandes conférences multilatérales de 2015, mon département a évidemment aussi été impliqué dans la mise en œuvre des engagements pris. Il s’est avéré que l’envergure de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 avec ses 17 Objectifs de développement durable nécessite un travail en profondeur en faveur d’une nouvelle stratégie générale qui est en cours d’élaboration. Au niveau national, cette mise en œuvre relève de la compétence de la Commission interdépartementale du développement durable à laquelle mes collaborateurs contribuent activement. Grâce à l’excellente coopération entre le MAEE et le MDDI dans la phase préparatoire de l’Agenda 2030, nous pouvons continuer sur cette voie dans l’étape cruciale de la mise en œuvre. Cette coopération est régulière entre ministres, fonctionnaires, mais aussi à travers les commissions compétentes de la Chambre des députés, et à l’égard de la société civile.

L’envergure du chantier de l’Agenda 2030 a aussi été au centre des travaux de l’édition 2016 des Assises de la Coopération luxembourgeoise. Avec les collègues ministres Dieschbourg et Mutsch, des invités internationaux, tout comme avec des parlementaires, des représentants du secteur privé et les acteurs plus traditionnels de la coopération au développement, nous avons esquissé les nouvelles pistes de travail en commun pour arriver à cette nouvelle super-cohérence des politiques en faveur du développement que représente l’Agenda 2030. Dans la logique des Agendas d’Addis Abeba et 2030, nous avons renforcé notre coopération avec le secteur privé en lançant le premier appel pour la Business Partnership Facility. Sur une vingtaine de dossiers reçus, 4 ont pu être retenus.

Ce fut donc une année pleine de défis. Grâce à l’engagement de tous mes collaborateurs et de tous les acteurs de la Coopération, nous avons pu répondre positivement aux demandes et prendre de nouveaux engagements pour un avenir meilleur. Je voudrais ici remercier toutes celles et tous ceux qui y ont contribué, mais aussi tous les bénévoles et professionnels sur le terrain dans les crises humanitaires, dans les pays partenaires et partout où notre solidarité doit s’exercer, et leur dire combien je respecte et apprécie leur engagement, leur courage et leur dévouement.

Romain Schneider
Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire