Préface

Le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider

Préface de Monsieur le ministre

Chers(ères) ami(e)s de la Coopération luxembourgeoise,

J’ai le plaisir de vous présenter le Rapport annuel de la Coopération luxembourgeoise pour l’année 2015. Voici douze mois, à cette même place, j’avais attiré l’attention sur le fait que 2015 serait une année charnière pour la coopération au développement et que des rendez-vous internationaux importants allaient en grande partie reconfigurer notre coopération au développement et son financement pour l’après-2015. 

C’est désormais chose faite avec l’agenda d’Addis Abeba adopté en juillet dernier sur le financement du développement, et le Sommet sur le développement durable en septembre qui a adopté l’agenda 2030 avec ses dix-sept Objectifs de développement durable (ODD). Nous disposons donc d’indications claires quant aux objectifs et aux moyens de mise en œuvre. La démarche retenue est toutefois bien différente des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), puisque dans un monde globalisé bien différent des années 1990 et 2000, les notions Nord-Sud ou bailleurs-récipiendaires sont devenues obsolètes. Les actions des uns ont une influence et des effets sur les autres, et ce en matière économique, environnementale et sociale, et donc pour le développement durable. 

La mise en œuvre d’un tel agenda complet et complexe doit se faire dans tous les États et dans toutes leurs politiques nationales et internationales, y compris dans la politique de coopération au développement. Il reviendra donc à la Coopération luxembourgeoise de revisiter ses stratégies afin de mieux encore intégrer les ODD et de voir avec ses pays partenaires comment intégrer ces impératifs dans les Programmes indicatifs de Coopération (PIC) et dans les actions de soutien aux partenaires. Les moyens de mise en œuvre financiers et non financiers devront y contribuer. Cela implique une cohérence accrue de nos actions en faveur du développement et du développement durable.

L’année 2015 a aussi été marquée par des défis d’un autre type pour la Coopération luxembourgeoise, à savoir l’Année européenne pour le développement et la Présidence du Conseil de l’Union européenne au 2e semestre.

L’Année européenne pour le développement 2015, retenue par les institutions européennes, a été une occasion unique pour sensibiliser les différents publics aux défis et responsabilités en matière de coopération au développement. Il nous semblait indispensable de nous adresser en priorité aux jeunes - élèves et étudiants - et au grand public pour mieux expliquer pourquoi l’engagement de tout un chacun compte. Le slogan de l’Année européenne, « Notre monde, notre avenir, notre dignité », nous a guidés dans notre démarche. Un riche programme national d’activités, défini avec le Cercle des ONG et les représentations des institutions européennes à Luxembourg, a permis de mobiliser un très large public. J’aimerais remercier très chaleureusement Ben Fayot, ambassadeur spécial pour l’Année européenne, pour son aide précieuse et son engagement sans failles. 

La charge d’organiser au niveau européen la cérémonie de clôture de l’Année européenne en présence de notre chef d’État, de notre Premier ministre et des représentants des institutions européennes, est finalement revenue à la Présidence luxembourgeoise. Sur notre initiative a été signée à cette occasion une déclaration interinstitutionnelle pour que l’élan de l’Année européenne se poursuive dans les actions des États membres et des institutions bien au-delà de décembre 2015.

Comme Présidence du Conseil de l’UE, nous avons évidemment accompagné les grands rendez-vous internationaux du 2e semestre en aidant à coordonner une position européenne unie, y compris en matière d’aide publique au développement, et à maintenir un dialogue intense avec le Parlement européen et les représentants de la société civile européenne.

Le Luxembourg avait en tant que Présidence mis la cohérence des politiques comme fil rouge dans son action, avec l’objectif de sensibiliser les autres filières du Conseil aux impératifs de la cohérence pour le développement. C’est sous cet angle qu’a été abordé le dossier des migrations, qui est venu sur le devant de la scène européenne au 2e semestre 2015 avec l’arrivée importante dans l’UE de migrants et réfugiés, essentiellement de Syrie. Le Sommet de La Valette a traité avec les pays d’origine et de transit de la question des migrations en provenance d’Afrique. 

Cette triste actualité a permis de mieux comprendre la situation de détresse extrême dans les pays en crise, les besoins humanitaires immenses, notamment dans les pays voisins de la Syrie, et le manque absolu de perspectives d’avenir qui jette sur les routes les jeunes des pays en développement. Nos opinions publiques, mais aussi les décideurs, sont devenus plus conscients encore des besoins humanitaires, du lien entre aide humanitaire et développement, notamment dans les crises complexes et longues, et des énormes besoins en financement prévisibles. Ce sont là des sujets à aborder lors du premier Sommet Humanitaire Mondial qui aura lieu en mai 2016 à Istanbul. Comme Présidence du Conseil de l’UE, le Luxembourg a lancé les préparatifs entre États membres pour définir des positions en vue de cet important rendez-vous. Alors que plus de 60 millions de personnes sont en fuite face à des crises de tout genre, ce Sommet à une obligation de résultat.

Les obligations internationales et européennes en 2015 ne nous ont toutefois pas fait perdre de vue les relations privilégiées avec les partenaires bilatéraux de la Coopération luxembourgeoise. Quatre nouveaux Programmes indicatifs de Coopération ont été signés, et un cinquième a été prolongé. Nous renforçons nos relations avec les pays les moins avancés en Afrique de l’Ouest et en Asie du Sud-Est, et nous diversifions nos actions dans les pays à revenu moyen, comme au Cabo Verde. Le Vietnam et le Salvador ne seront plus des pays partenaires à partir de 2016, mais nous maintenons des liens forts, y compris à travers des projets de coopération et des instruments nouveaux comme la coopération triangulaire ou Sud-Sud. Ces PIC prennent déjà en compte la nouvelle donne des ODD, mais il nous reviendra de voir comment accompagner encore mieux nos partenaires par nos programmes sectoriels dans la mise en œuvre de ces objectifs. 

J’aimerais souligner combien je me réjouis que dans le cadre des mesures du Zukunftspak concernant les ONG luxembourgeoises, nous ayons pu trouver un compromis ensemble pour leur réalisation. Une concentration plus poussée du soutien financier en faveur des pays les moins avancés (PMA) ira de pair avec un soutien financier de même niveau pour le renforcement de la société civile dans les pays à revenu moyen et émergents. C’est à mon avis dans l’esprit de ce que nous avons décidé au Sommet de septembre à New York.

2016 s’annonce plutôt comme une année de mise en œuvre de réformes et de nouveaux agendas pour aboutir à ces plus-values en matière de développement durable de la manière globale et inclusive que le propose l’agenda 2030.

Je me réjouis de pouvoir compter pour cela sur les conseils et recommandations de tous les acteurs de la Coopération luxembourgeoise que je remercie pour leur engagement et pour leur dévouement et que je revois avec plaisir chaque année aux Assises de la Coopération luxembourgeoise. 

Mes remerciements vont aussi à tous ceux et celles qui sont sur le terrain dans des conditions difficiles, notamment de sécurité, et qui ne cessent d’aller de l’avant.

Romain Schneider
Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire