Enfants à Mbawane, Sénégal
La Déclaration du Millénaire est la plus importante promesse collective jamais faite aux populations les plus vulnérables de la planète. Cette promesse, qui ne relève en rien de la pitié ou de la charité, repose sur la solidarité, la justice et le sentiment que nous sommes de plus en plus dépendants les uns des autres pour notre prospérité et notre sécurité collectives.
Au cours des dix dernières années, la Déclaration du Millénaire et les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont donné naissance à des engagements et des partenariats inédits, réaffirmés lors de sommets et réunions ultérieurs.
Les OMD définissent des orientations et un dispositif de responsabilisation qui marquent un tournant historique ; ce dispositif devra toutefois être renforcé si l’on veut respecter l’échéance de 2015. Il est d’autant plus important de le faire que ces objectifs constituent des étapes cruciales pour l’instauration d’un développement équitable et durable pour tous.
Les OMD, qui constituent huit objectifs de développement convenus au niveau international liés au programme de l’ONU, portent sur le développement durable, l’éducation, les enfants, l’alimentation, les femmes, la population et le développement social. Ils définissent des cibles quantifiées assorties d’échéances pour lutter contre la pauvreté, la faim et la maladie en promouvant l’égalité entre les sexes, l’éducation et le respect de l’environnement. Ils incarnent l’émanation des droits fondamentaux de la personne humaine – du droit de tous à la santé, à l’éducation et au logement. Le huitième objectif, qui appelle à un partenariat mondial pour le développement, comporte des engagements dans les domaines de l’aide au développement, de l’allégement de la dette, des échanges commerciaux et de l’accès aux technologies.
De grandes avancées ont pu être réalisées depuis l’adoption des OMD en 2000. La communauté internationale peut se féliciter du progrès accompli et des succès qui ont été enregistrés depuis 2000 dans certains des pays les plus pauvres du monde, ce qui prouve que les objectifs du Millénaire pour le développement sont bel et bien réalisables, avec des politiques efficaces, des niveaux d’investissement adéquats et un appui international.
Les avancées ont été réalisées dans de nombreux domaines tels que le recul de la misère et de la faim, l’amélioration du taux de scolarisation et de la santé infantile, l’élargissement de l’accès à l’eau salubre, l’accès des personnes séropositives à un traitement et la lutte contre le paludisme, la tuberculose et les maladies tropicales négligées.
Au cours de la même période, la population et les pouvoirs publics ont toutefois aussi dû faire face à la multiplicité de nouveaux problèmes imprévus et à l’imbrication des crises, notamment la crise financière et économique, la volatilité des prix des produits énergétiques et des denrées alimentaires, les incertitudes persistantes pesant sur la sécurité alimentaire, ainsi que les problèmes de plus en plus graves que posent les changements climatiques et le recul de la biodiversité. Ces crises mondiales ont accru encore davantage les vulnérabilités, creusé les inégalités et compromis les progrès de développement.
En effet, après dix ans d’efforts à l’échelle mondiale, force est de constater que certaines parties du monde ont pris des retards dans des domaines clés – comme par exemple la santé maternelle et infantile, et il faudra redoubler les efforts pour combler ces lacunes. Les progrès faits et les résultats obtenus sont très variés selon les secteurs, les continents, les régions et jusqu’à l’intérieur des pays qui peuvent parfois se targuer de succès sur un front, mais qui ne se distinguent pas pour autant sur d’autres. Les difficultés sont particulièrement grandes dans les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement, les pays émergeant d’un conflit, les pays fragiles et ceux qui sont le plus touchés par les changements climatiques.
Environ 1,4 milliards d’individus subsistent encore avec moins de 1,25 dollars par jour. Environ un milliard de personnes souffrent de la faim. Chaque année, près de neuf millions d’enfants décèdent avant d’atteindre leur cinquième anniversaire et des centaines de milliers de femmes meurent de complications de la grossesse ou de l’accouchement. La moitié seulement de la population du monde en développement a accès à un assainissement amélioré comme des toilettes ou des latrines. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré, dans son rapport d’avril 2010 intitulé « Tenir les engagements pris », qu’il était clair que la vie des pauvres ne s'était améliorée que très lentement et que certains progrès, difficiles à réaliser, avaient été affectés par les changements climatiques et les crises alimentaire et économique. S’ajoute à ceci que ce sont les populations les plus vulnérables qui ressentent le plus durement l’impact du changement climatique, alors qu’elles ont le moins contribué au problème. Les risques de mortalité, de handicap et de pertes économiques qu’entraînent les catastrophes naturelles s’accroissent dans le monde entier, et en particulier dans les pays pauvres. Les conflits armés et autres situations de violences font toujours peser de graves menaces sur la sécurité humaine, la stabilité des pays et régions et les avancées durement acquises dans le domaine des OMD.
Ainsi se pose la question de savoir comment accélérer les changements produits au cours de la dernière décennie pour que les progrès deviennent plus rapides. L’expérience acquise au cours de ces dix dernières années donne de nombreux exemples de ce qui fonctionne, et des outils qui peuvent aider à atteindre les OMD d’ici 2015.
C’est dans cette perspective que dix ans après la Déclaration du Millénaire, qui a tracé la voie politique pour ces ambitieux objectifs de développement, l’ONU a dressé du 20 au 22 septembre 2010 à New York, un bilan intermédiaire. La réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale sur les objectifs du Millénaire pour le développement était l’occasion pour la communauté internationale de passer en revue les progrès et lacunes pour ce qui est de la réalisation des OMD alors que deux tiers du chemin sont derrière nous.
Ce Sommet OMD 2010 s'est achevé avec l'adoption d'un programme d'action concret pour atteindre les huit objectifs de lutte contre la pauvreté d'ici 2015. Bien que celui-ci ne contienne pas d’engagements précis en termes de financement, il demande l’élaboration de rapports de situation annuels et la tenue d’un autre Sommet extraordinaire sur les OMD prévu en 2013. Le programme d’action pour la réalisation des OMD identifie l’appropriation nationale et une volonté politique forte comme les fondements pour permettre aux pays en développement de réaliser les OMD ensemble, à travers le partenariat mondial pour le développement, avec les pays donateurs. Le Sommet OMD a aussi accueilli favorablement dans son programme d’action, les initiatives en cours pour renforcer et étayer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.
Néanmoins, le Sommet OMD 2010 a aussi été caractérisé par l'annonce de nouveaux engagements, notamment pour la santé des femmes et des enfants. Ainsi, sur initiative du Secrétaire général Ban Ki-moon, plus de 40 milliards de dollars ont été promis par la communauté internationale pour la mise en œuvre de sa « Stratégie mondiale pour la santé maternelle et infantile », sur les cinq prochaines années afin d’atteindre plus rapidement les OMD 4 et 5, les deux objectifs accusant le plus grand retard. L’objectif étant de sauver quelque 16 à 20 millions de vies d’ici 2015. Plus encore que pour les autres OMD, la santé maternelle et infantile est liée aux actions entreprises dans d’autres domaines, tels que la réduction de la pauvreté et de la malnutrition (OMD 1), l’éducation (OMD 2) et l’égalité des sexes (OMD 3), la lutte contre le sida et autres maladies infectieuses (OMD 6), et l’assurance de systèmes sanitaires de base. Tout échec dans ces autres OMD serait fatal en la matière et vice versa. Les avantages des investissements dans la santé et l’éducation des populations vulnérables sont évidents : ceux-ci réduisent considérablement les coûts à long terme, stimulent l’économie locale et mondiale, promeuvent une meilleure cohésion sociale et permettent d’endiguer, voire d’éradiquer des épidémies.
Les dirigeants présents au Sommet OMD se sont aussi engagés à prendre de nouvelles mesures afin de lever et éliminer les obstacles qui rendent difficile le développement économique et social de certaines régions ou pays tels que les pays les moins avancés. Enfin, il est important de rappeler que 2015 n’est qu’une étape, à mi-chemin vers l’éradication de la pauvreté, et qu’il est fondamental de réfléchir dès à présent à l’après 2015.