Introduction

Marie-Josée Jacobs / Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire

Préface de Madame La Ministre

Comment revenir sur l’année 2010 sans évoquer en premier lieu le terrible tremblement de terre qui a frappé le 12 janvier un des pays les plus pauvres, Haïti, avec cette force inouïe et meurtrière dont la nature est capable et qui nous rappelle à chaque fois la vulnérabilité du genre humain? Face aux dizaines de milliers de morts et aux centaines de milliers de blessés et de sans abris, la communauté internationale s’est certes mobilisée rapidement, mais de sérieuses lacunes dans la coordination de l’aide sont à déplorer. 

La réaction luxembourgeoise à cette catastrophe a été remarquable et je salue le dévouement et le déploiement rapide des équipes de secours de la Protection civile et de la Croix-Rouge avec leurs sections de recherche canines. Leurs rapports au retour de la zone sinistrée ont été très instructifs, notamment en ce qui concerne le manque de moyens de communication et de coordination sur place. Aussi le gouvernement a-t-il pris la décision de développer, dans un partenariat privé-public avec trois opérateurs luxembourgeois, un système innovant en matière de télécommunication par satellites en cas d’urgence humanitaire. Ce système est désormais connu sous le nom de emergency.lu ; il est prévu qu’il sera opérationnel fin de l’année 2011. 

Je voudrais également saluer à sa juste valeur la générosité des Luxembourgeois face aux malheurs des Haïtiens. Des dons privés à hauteur de quelque cinq millions d’euros aux ONG ont doublé l’aide humanitaire fournie par la main publique.

Toujours dans le registre de l’action humanitaire, 2010 a aussi été marquée par les inondations massives au Pakistan. Dans un contexte politique et humanitaire très compliqué, la mise à disposition d’une station d’épuration d’eau de l’armée opérée par des militaires luxembourgeois en civil et dans le cadre opérationnel établi par les Nations unies a complété de manière utile l’action humanitaire des ONG luxembourgeoises et de leurs partenaires locaux et internationaux.

Dans le domaine de la coopération au développement, l’allégorie du verre à moitié plein ou à moitié vide convient parfaitement pour décrire l’année 2010. Elle s’est avérée particulièrement appropriée pour le constat qui s’imposait à l’étude du niveau de réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à deux tiers du chemin de la date butoir fixée pour leur mise en œuvre fin 2015. A la réunion plénière de haut niveau qui s’est tenue en septembre 2010 au siège des Nations unies à New York, « mitigé » a été l’adjectif le plus fréquemment utilisé pour décrire le bilan intermédiaire que nous nous devions de tirer sans fausse complaisance. 

Alors que des progrès indéniables et bienvenus ont été faits dans le domaine de l’accès à l’éducation primaire, les retards accusés pour l’objectif d’une meilleure santé maternelle et d’une mortalité infantile réduite sont d’autant plus déplorables que ce sont souvent les pays les plus pauvres, notamment en Afrique subsaharienne, qui progressent le plus lentement, voire stagnent. S’y ajoute que l’insécurité alimentaire met sérieusement en doute les espoirs d’atteindre l’OMD 1 qui vise à réduire de moitié le nombre de celles et de ceux qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim. 

Il est par contre encourageant de voir que la situation n’est pas aussi sombre partout. Ainsi, des espoirs sont permis que certains pays en Asie et en Amérique latine seront en mesure d’atteindre tous les OMD ou du moins certains d’entre eux. A New York, la communauté internationale a renouvelé sa promesse de ne pas laisser tomber les bras sur cette dernière ligne droite vers les OMD qui est désormais devant nous. 

Toutefois, il faut rester lucide. Le pari de réaliser les OMD en 2015 dépendra dans une large mesure de la disponibilité de financements adéquats et durables. A cet égard, il est certes encourageant qu’en chiffres absolus l’aide publique au développement de l’Union européenne et de ses Etats membres a atteint un nouveau record en 2010. Cependant, il faut en même temps regretter que nous ne n’ayons pas été à la hauteur de notre engagement de 2005 d’une APD collective de 0,56% du RNB européen en 2010. Devant ce constat, il faut d’autant plus saluer la décision du Conseil européen du mois de juin 2010 réaffirmant l’objectif collectif d’une APD européenne de 0,7% à l’horizon 2015 et demandant que les Chefs d’Etat et de gouvernement soient informés de l’évolution de l’aide dans un rapport annuel.

A Luxembourg, l’APD quasiment invariée en chiffres absolus comparée à 2009, a atteint en 2010 1,09% du RNB. La constance de cet effort est hautement appréciée par nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, et notre quête pour une coopération au développement toujours plus efficace a continué et continuera sans relâche. Ainsi, entre deux examens par les pairs du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, comme nous les connaissons à un rythme quinquennal depuis 1993, la Coopération luxembourgeoise s’est prêtée en 2010, pour la première fois et sur base volontaire, à un examen à mi-parcours. Le président du CAD et son équipe d’évaluateurs se sont rendus pour l’occasion à Luxembourg afin d’évoquer avec tous les acteurs de la coopération au développement du Grand-Duché la politique du gouvernement en la matière, sur arrière-fond des défis que la crise financière et économique internationale pose aux partenaires du développement de par le monde. Dans sa lettre d’appréciation, le président du CAD a noté que « de manière générale, le Luxembourg est sur la bonne voie et a su prendre les bonnes décisions qui l’ont déjà aidé, et qui vont continuer de l’aider, à mettre en œuvre la majorité des recommandations du CAD de 2008 ».

Forts de ces mots d’encouragement, nous avons entamé l’année 2011 avec la ferme intention de contribuer de manière proactive aux dossiers centraux de la coopération au développement que sont la cohérence des politiques pour le développement, le financement durable du développement et l’efficacité de l’aide. Je voudrais remercier tous les partenaires de la Coopération luxembourgeoise au Grand-Duché et au-delà – tout particulièrement nos pays partenaires du Sud – pour leur collaboration en 2010. Je compte sur leur engagement à nos côtés pour relever les défis qui sont devant nous pour faire la différence dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement durable.

Marie-Josée Jacobs
Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire