Nicaragua - Formation d'étudiants en soudure
Un principe phare de la Coopération luxembourgeoise est la concentration géographique sur neuf pays partenaires, notamment le Cabo Verde, le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Laos, le Vietnam, le Nicaragua et El Salvador1. Dans tous ces pays, des Programmes indicatifs de Coopération (PIC) sont alignés aux stratégies nationales de développement à moyen et à long terme. Les programmes luxembourgeois s’intègrent ainsi totalement dans les priorités et dans les durées de ces stratégies nationales et garantissent aux pays partenaires une prévisibilité des financements sur une période de 4 à 5 ans.
Une approche différenciée est adoptée selon le degré de développement des
pays partenaires. L’utilisation d’un mélange de modalités et d’instruments
(p. ex. appui budgétaire sectoriel, aide budgétisée, fonds communs, accords de partenariats opérationnels) vise à renforcer l’utilisation des systèmes nationaux.
Les PIC sont ainsi les garants de partenariats inclusifs, tels que définis à Busan en 2011 et développés à Mexico du 15 au 16 avril 2014, lors du Forum à haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement. Ils définissent le cadre pour la coordination et l’harmonisation avec l’action d’autres bailleurs, ainsi que l’implication du secteur privé, notamment dans le secteur de la formation professionnelle, où le Luxembourg joue souvent le rôle de chef de file. Ils incluent également les appuis stratégiques directs aux acteurs de la société civile dans les pays partenaires, soit pour améliorer la bonne gouvernance locale, soit pour accompagner le processus d’une réforme fiscale, ou tout simplement pour atteindre les populations les plus marginalisées.
Au cours de l’année 2014 un certain nombre de nouveaux développements sont à signaler par rapport à cette approche globale, intrinsèquement liée au plan d’action pour l’efficacité de la coopération.
L’identification du premier Programme indicatif de coopération de 4e génération entre le Luxembourg et le Cabo Verde a ainsi permis de suivre encore mieux ces principes d’efficacité. La procédure d’identification a été très participative tant du côté capverdien que pour ce qui est des autres donateurs avec l’objectif que le résultat soit défini en partenariat réel et s’inscrive dans le cadre des efforts globaux des partenaires techniques et financiers et du gouvernement capverdien. Étant donné les recommandations des évaluateurs des PIC, une attention particulière a été dédiée à la définition d’indicateurs dans le PIC permettant de mesurer son impact. Comme l’intervention du Luxembourg au Cabo Verde se place résolument dans le cadre de programmes sectoriels, cette identification d’indicateurs existants et donc sans charge administrative supplémentaire pour le pays partenaire, est possible.
Finalement il faut relever que le Cabo Verde en tant que pays à revenu moyen et membre de la Cédéao représente un intérêt pour le secteur privé luxembourgeois. Le PIC 4 tente d’accompagner cet intérêt sans aller vers une aide liée, notamment dans le secteur des énergies renouvelables et autour du Centre de formation professionnelle en matière d’énergies renouvelables construit sous le PIC encore en cours.
La Coopération luxembourgeoise tente donc dans le cas du Cabo Verde à continuer son engagement tout en accompagnant la diversification des relations bilatérales avec ce pays, notamment en matière économique.
Cette même démarche a aussi été tentée avec un autre pays partenaire du Luxembourg, à savoir le Vietnam. Avec cet autre pays à revenu moyen, il a été confirmé lors de la Commission de partenariat à Hanoi en septembre 2014 qu’il n’y aurait pas de nouveau PIC. Le temps restant jusqu’à fin 2015 devrait donc être utilisé de part et d’autre pour intensifier les relations économiques bilatérales. Différentes pistes sont suivies, y compris à travers un programme qui implique l’autorité de surveillance du secteur financier au Vietnam ou encore un projet à mettre en œuvre avec la Biobank de Luxembourg et finalement autour de la stratégie de croissance verte du Vietnam. La Coopération luxembourgeoise poursuivra la mise en œuvre des programmes et projets en cours jusqu’à leur finalisation et la mise en place, dans le cadre de cette diversification, des relations au-delà de la durée de l’actuel PIC qui termine fin 2015.
La diversification des relations bilatérales avec un autre pays partenaire de la coopération, à savoir le Salvador, semble plus difficile à réaliser.
2014 a également permis, à côté du cas du Cabo Verde, de travailler intensément sur l’identification du nouveau PIC avec le Mali. À la sortie de crise et prenant en compte la situation particulière de l’agriculture, notamment familiale, il a été décidé de centrer le nouveau PIC exclusivement autour du développement rural. Ici aussi le processus d’identification a été très inclusif et participatif. Il s’agissait également de réunir les différents mandants du Luxembourg sous cet objectif et d’assurer la cohérence et complémentarité entre eux. L’Université du Luxembourg est un nouveau partenaire à inclure dans ce PIC Mali, mais aussi une ONG luxembourgeoise, à savoir SOS Faim à travers un projet sous mandat en matière de microfinance rurale. La société civile malienne sera aussi un des acteurs du prochain PIC dans le cadre des efforts de soutien à la décentralisation. Pour gérer cette démarche un membre de l’ambassade du Luxembourg à Dakar a été détaché à Bamako pour un an à partir de mai 2014.
Afin de garantir une cohérence entre acteurs pour la mise en œuvre d’un PIC, la Coopération luxembourgeoise tentera de signer avec tous les intervenants bilatéraux et multilatéraux sur le terrain une lettre d’entente qui définit la cohérence et la bonne séquence des résultats à atteindre. Le suivi est fait au cours des Comités de pilotage. Une première lettre d’entente a été signée avec les partenaires au Sénégal et sera exécutée sous la responsabilité de l’ambassade à Dakar. Une démarche similaire sera poursuivie au Cabo Verde et au Mali au moment où les formulations de programmes et projets seront finalisées.
Parmi les spécificités à relever dans les PIC avec les pays partenaires en 2014 il convient de signaler que dans le cas du Sénégal cette année aura permis de mettre en place définitivement le système d’aide budgétisée, à savoir ce soutien qui suit les procédures nationales et est inscrit au budget national, mais dont la traçabilité reste entière tout au long du processus. Cette modalité a exigé des adaptations dans le cadre des finances publiques du Sénégal, mais a en même temps été partiellement précurseur pour ce qui est de la réforme des finances publiques à mettre en place prochainement sur base des décisions de
l’UEMOA. D’autres bailleurs, dont les États membres de l’UE suivent la mise en place de cette nouvelle modalité avec intérêt. Elle pourrait donc être reprise par d’autres. Le travail accompli a permis à la Coopération luxembourgeoise de coopérer étroitement avec la Cour des comptes et l’IGF du Sénégal et de voir que l’intervention dans des programmes sectoriels implique bien d’autres responsabilités et partenariats que la mise en œuvre de projets.
Au Burkina Faso l’année 2014 marque également le tournant de l’ère des projets vers les programmes sectoriels et les fonds communs. Grâce à sa participation à la troïka des bailleurs du Burkina Faso la Coopération luxembourgeoise a reçu une visibilité et une responsabilité accrues. Du fait des événements politiques fin octobre-début novembre et du début d’une phase de transition politique la mise en œuvre du PIC a subi un petit ralentissement, jusqu’à ce qu’il était certain que tous les fonds avaient atteint leur destination. La procédure d’identification d’un nouveau PIC a débuté avec les autorités de la transition, mais ne sera menée à terme qu’après les élections et la mise en place d’un nouveau gouvernement issu de ces élections.
Avec les autres pays partenaires, comme le Niger, le Laos ou le Nicaragua, la mise en œuvre des PIC a atteint son rythme de croisière en 2014, sans difficultés spécifiques, mise à part la situation sécuritaire qui s’est dégradée au Niger. Ce fut le moment de décision de principe de la prolongation du programme avec le Nicaragua et de la reprise au Niger d’un grand projet en matière d’eau, hygiène et assainissement du Danemark suite au retrait de ce pays. Ce dernier dossier a montré la complexité technique et administrative d’une coopération déléguée en cours de cycle de projet.