En 2011 l’aide publique au développement internationale a baissé d’un milliard d’euros par rapport à 2010, alors que les besoins en financement du développement ont continué à croître. Par temps de crise économique et de rigueur budgétaire il est donc plus important que jamais de veiller à ce que la qualité de l’aide ne souffre pas, mais soit au contraire constamment améliorée.
Tel a été l’objectif du 4e Forum à haut niveau sur l’efficacité de l’aide qui s’est tenu en novembre 2011 à Busan, en République de Corée. Après la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide de 2005, le Programme d’action d’Accra de 2008 avait précisé et approfondi les objectifs de l’appropriation, de l’alignement, de l’harmonisation de l’aide, de la gestion pour les résultats et de la responsabilité mutuelle des bailleurs de fonds et des bénéficiaires. Face aux défis globaux de la pauvreté, de la crise, de l’insécurité et du changement climatique, le Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement est venu élargir la discussion sur l’efficacité, tant par le nombre d’acteurs impliqués que par les sujets traités. Ainsi la société civile, le secteur privé et les pays émergents sont aujourd’hui parties prenantes dans le débat, comme dans la mise en œuvre des engagements pris au fil des fora à haut niveau sur l’efficacité de l’aide.
A Luxembourg, nous avions pris soin de préparer notre participation au forum de Busan, notamment en y dédiant, en septembre dernier, une session lors des Assises 2011 de la Coopération luxembourgeoise. Le président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE Brian Atwood nous avait fait l’amitié de venir enrichir le débat par son analyse sur les objectifs à atteindre plus tard dans l’année, à Busan. L’insécurité alimentaire était l’autre sujet à l’ordre du jour des Assises, que nous avons discuté, sur arrière-fond de la crise humanitaire en Somalie, en présence de l’ancienne Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial Josette Sheeran.
Sur le plan bilatéral, les engagements pris en termes d’efficacité de l’aide ont également trouvé leur entrée dans les Programmes indicatifs de coopération (PIC) que nous avons adoptés et signés en 2011 avec les gouvernements respectifs du Vietnam, du Laos, du Sénégal et d’El Salvador. Un rapprochement des priorités des nos partenaires, notamment par une utilisation plus déterminée des mécanismes nationaux dans la gestion de l’aide et un renforcement de l’approche programmatique, marque cette troisième génération de PIC. Je me réjouis également qu’en 2011 nous ayons pu renouer les relations de travail avec les autorités de la République du Niger. Après une suspension de presque deux ans pour cause de crise constitutionnelle et de coup d’État, la reprise de la coopération a été scellée par la visite du Ministre des Affaires étrangères Mohamed Bazoum en juillet, à Luxembourg, ainsi que par ma mission conjointe avec le Ministre des Finances Luc Frieden en octobre, à Niamey.
Au niveau multilatéral, nous avons réussi en 2011 à faire progresser l’harmonisation des procédures entre bailleurs de fonds qui fait partie des objectifs de l’agenda pour une plus grande efficacité de l’aide. C’est en effet dans ce contexte que j’ai pu signer en juin, à New York, des Accords cadres de partenariat harmonisés avec Madame Helen Clark et Messieurs Antony Lake, Babatunde Osotimehin et David Morrison, les dirigeants respectifs du PNUD, de l’UNICEF, de l’UNFPA et de l’UNCDF.
Toujours dans l’esprit du Partenariat de Busan qui, entre autres, appelle de ses vœux la réalisation de biens publics mondiaux, nous avons mis sur les rails le projet emergency.lu. La signature du contrat avec nos partenaires du secteur privé, Hitec, SES et Luxembourg Air Ambulance, en avril 2011, a déclenché une période intensive de développement et de mise au point technique. Parallèlement des tests grandeur nature, comme celui de Dakar en octobre, et la présentation progressive du projet à nos partenaires de l’Union européenne et des Nations unies ont permis d’en confirmer la pertinence et d’intégrer notre plate-forme de communication par satellite dans le dispositif international de réponse humanitaire. Un premier déploiement opérationnel a été déclenché début 2012 au Sud Soudan où des centaines d’acteurs humanitaires en apprécient le bénéfice dans leur travail quotidien.
2012 sera, entre autres, l’année de la 5e Revue de la Coopération luxembourgeoise par les pairs de l’OCDE ; une raison suffisante mais certainement pas exclusive pour poursuivre nos efforts pour une toujours plus grande efficacité de l’aide. En effet, ce sont les résultats concrets dans la lutte contre la pauvreté, témoignant d’une action efficace au bénéfice des populations pauvres, qui restent notre motivation première. Les constats du sondage européen publié en novembre 2011 par Eurobaromètre, suivant lesquels 92 pour cent de l’opinion publique luxembourgeoise soutient la coopération au développement, nous réconfortent dans notre action. Sur le plan politique, le Premier ministre Jean-Claude Juncker, dans sa déclaration sur l’état de la nation, vient de faire écho à ce soutien, en réaffirmant que l’aide publique au développement du Grand-Duché sera maintenue au niveau de un pour cent du revenu national brut.
Je remercie toutes celles et tous ceux qui, dans les ONG, dans la société civile en général et dans le secteur privé, à Lux-Development et dans les administrations et ambassades, dans nos pays partenaires et dans les organisations internationales, nous aident à traduire cette confiance en une action de solidarité efficace contre la pauvreté.
Marie-Josée Jacobs
Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire