Laboratoire de l’Hôpital Silence de Ziguinchor : équipement et amélioration des capacités techniques de prise en charge du VIH et Hépatiques dans le cadre du projet CARES (© ENDA-Santé)
L’action bilatérale que la Coopération luxembourgeoise met en œuvre dans ses pays partenaires est complétée par une approche régionale, voire sous-régionale, ciblée sur trois continents, à savoir l’Afrique, l’Asie et l’Amérique centrale. Celle-ci vise à proposer des solutions à des défis communs et souvent interdépendants auxquels sont confrontés plusieurs pays limitrophes, notamment en misant sur les synergies et le partage des leçons apprises et des meilleures pratiques.
Dans ce contexte, l’Afrique de l’Ouest et les pays de la bande sahélienne continuent à constituer une des régions prioritaires de la politique étrangère luxembourgeoise. Avec des relations de partenariat basées initialement sur la coopération au développement, l’action du Luxembourg au Sahel représente aujourd’hui l’exemple-phare de la mise en œuvre de son approche des « 3D », qui procure un cadre cohérent pour l’articulation de son action en matière de diplomatie, de défense et de développement. Dans cette logique, l’engagement accru du Luxembourg sur le plan de la sécurité et de la défense va notamment de pair avec une coopération renforcée en faveur de la gouvernance et du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire au Sahel. En 2018, la Coopération luxembourgeoise a ainsi entre autres contribué à l’élaboration d’un Cadre de conformité pour le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire pour les opérations de la force conjointe du G5 Sahel, dont le quartier général est situé à Bamako au Mali.
Afin de valoriser son engagement conséquent en faveur du développement de la région, le Luxembourg a également rejoint en mars 2018 l’Alliance Sahel, une initiative lancée en 2017 par la France, l’Allemagne et l’Union européenne et qui vise à apporter une réponse commune et efficace en matière de sécurité et de développement aux défis multidimensionnels auxquels font face les pays membres du G5 Sahel. L’Alliance Sahel met l’accent sur un nombre limité de priorités, telles que la formation professionnelle et l’employabilité des jeunes ainsi que l’accès à des services sociaux de base de qualité – secteurs dans lesquels le Luxembourg joue par ailleurs un rôle de chef de file dans certains de ses pays partenaires dans la sous-région.
Le Luxembourg a également renforcé son engagement pour la lutte contre les maladies transmissibles. Le virus du VIH, de l’hépatite B (HBV) et le papillomavirus (HPV) sont tous à l’origine de problèmes graves de santé publique en Afrique de l’Ouest. En effet, le virus HBV est la première cause de mortalité par maladie du foie en Afrique de l’Ouest et le HPV et à l’origine du cancer du col de l’utérus, le cancer le plus répandu chez les femmes au Sénégal alors qu’il peut être prévenu par vaccination des jeunes filles. Dans ce contexte, le projet CARES, acronyme pour « Casamance Research-program on HIV-Resistance and Sexual Health », soutient les efforts en matière de recherche scientifique et de développement de compétences pour augmenter l’accès aux diagnostics et aux traitements pour ces trois infections. Cofinancé par la Coopération luxembourgeoise et en partenariat étroit avec le Luxembourg Institute of Health (LIH), l’ONG internationale ENDA Santé, le Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL), la Fondation Recherche sur le SIDA, le Laboratoire Nationale de Santé du Luxembourg et l’ONG luxembourgeoise Stop Aids Now/ACCESS, le projet a pour objectif principal d’améliorer la prise en charge qualitative, dans la région de Ziguinchor au Sénégal et en Guinée-Bissau, des personnes infectées par le VIH, et de diminuer la mortalité liée aux virus du VIH, HBV et HPV.
Dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), le Luxembourg a poursuivi ses appuis dans le cadre du projet « African Internet Exchange System » (AXIS) de l’Union africaine, pour lequel la Coopération luxembourgeoise assure depuis 2010 la responsabilité financière vis-à-vis du Fonds fiduciaire Union européenne-Afrique pour les infrastructures. Parmi les acquis, il convient en particulier de relever le lancement en février 2018 par le Mali – un des pays partenaires prioritaires de la Coopération luxembourgeoise, de son propre point d’échange internet (IXP). Le projet AXIS a pour objectif de mettre en place une infrastructure internet robuste à l’échelle du continent africain et devrait permettre au Mali, après le Sénégal en 2017, de franchir une nouvelle étape dans le développement de son économie numérique. L’établissement des IXP est censé dégager à terme d’importantes économies pour les pays africains – estimées à 300 millions d’euros par an – en évitant aux flux internet de devoir transiter par des points d’échange situés en dehors de l’Afrique.
En Asie du Sud-Est, l’approche régionale se concrétise notamment autour d’enjeux de développement partagés entre les pays limitrophes du fleuve Mékong. D’un côté, la Coopération luxembourgeoise est en train de renforcer la gouvernance foncière à travers une nouvelle phase du projet « Mekong Region Land Governance », approuvée en 2018 et mise en œuvre en coopération avec la Suisse. Dans sa nouvelle phase, le projet appuie entre autres l’organisation de fora régionaux sur les terres, le suivi des activités du «Learning and Alliance », y compris la construction dans ce cadre de plateformes d’études et d’information ainsi que l’ajustement des mécanismes de subvention. De l’autre côté, la Coopération luxembourgeoise soutient également la gestion durable des ressources naturelles du fleuve Mékong à travers des appuis à la « Mekong River Commission » qui continue à fédérer les pays concernés autour d’enjeux partagés afin d’identifier des solutions communes pour l’utilisation de l’eau.
Sur un autre plan, il convient par ailleurs de noter les appuis régionaux que le Luxembourg apporte, à travers le ministère des Finances et en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, aux pays des sous-régions d’Asie du Sud-Est et d’Afrique de l’Ouest, respectivement via la Banque asiatique de développement et la Banque africaine de développement.
En Amérique centrale, dans le cadre du Système de l’intégration centroaméricaine (SICA) – une organisation basée à San Salvador, regroupant huit pays de la sous-région –, la Coopération luxembourgeoise a financé en 2018 un projet régional en appui à l’entrepreneuriat des femmes avec CENPROMYPE ainsi qu’un autre projet régional favorisant l’inclusion et la participation politique, économique et sociale de groupes vulnérables en collaboration avec le Secrétariat général du SICA. Par ailleurs, la Coopération luxembourgeoise et le ministère des Finances ont conjointement contribué à la 3e phase du programme d’assistance technique du CAPTAC-DR (Centre régional d’assistance technique du Fonds monétaire international pour l’Amérique centrale, le Panama et la République Dominicaine). Ce centre, basé au Guatemala, fournit une assistance technique à ses sept pays membres en visant le renforcement des capacités institutionnelles et humaines pour la mise en œuvre de politiques macroéconomiques et financières saines. Le Luxembourg avait déjà participé à la 2e phase de ce projet.
En Amérique centrale, le Luxembourg a en outre poursuivi ses appuis à la promotion de la finance inclusive, en particulier la microfinance. Ainsi, l’ONG luxembourgeoise ADA (Appui au Développement Autonome) soutient le réseau régional REDCAMIF qui a pour objectif la promotion de l’industrie de la microfinance. Finalement, la Coopération luxembourgeoise finance le programme d’assistance technique du fonds luxembourgeois intitulé « Forestry and Climate Change Fund » (FCCF), qui a pour objectif de rétablir des zones forestières secondaires ou dégradées en Amérique centrale et de les rendre économiquement, écologiquement et socialement viables en engageant les communautés locales tout en garantissant un rendement à long terme aux investisseurs de ce fonds.