L’année 2018 a été marquée par la montée en régime de la mise en œuvre des Programmes indicatifs de Coopération (PIC) pluriannuels dans la plupart des sept pays partenaires prioritaires de la Coopération luxembourgeoise. Tout en assurant une présence sur trois continents, le Luxembourg continue à poursuivre une approche de concentration géographique en maintenant un nombre limité de pays avec lesquels il entretient des relations privilégiées qui s’inscrivent sur le long terme, à savoir le Burkina Faso, le Cabo Verde, le Mali, le Niger et le Sénégal en Afrique de l’Ouest, le Laos en Asie du Sud-Est et le Nicaragua en Amérique centrale.
Sur le plan institutionnel, quatre Commissions de partenariat se sont tenues à Luxembourg, respectivement avec les autorités du Burkina Faso, du Cabo Verde, du Laos et du Niger. Celles-ci réunissent, en principe annuellement les gouvernements du Luxembourg et de ses pays partenaires pour faire d’une part le bilan des relations et activités de coopération réalisées et en cours et, d’autre part, pour identifier sur cette base les priorités stratégiques et éventuels ajustements opérationnels concernant les actions futures à entreprendre.
Dans cette même logique de capitalisation et de projection vers l’avenir, l’action d’ensemble de la Coopération luxembourgeoise avec ses pays partenaires prioritaires a été sous-tendue par le lancement ou la finalisation de cinq exercices de revue à mi-parcours des Programmes indicatifs de Coopération qui portaient sur les relations de partenariat et de coopération entre le Luxembourg et le Cabo Verde, le Laos, le Nicaragua, le Mali et le Niger. Il est à noter que dans une approche d’intégration, de capitalisation mutuelle et de recherche d’efficience et d’efficacité toujours plus poussée, que ces exercices de revue se font désormais selon une approche en cascade qui comprend d’abord des évaluations techniques des projets et programmes bilatéraux des PICs dont les conclusions et recommandations alimentent ensuite les revues des PICs qui sont d’ordre politico-stratégique.
Ces revues, qui interviennent à un moment charnière de l’exécution des Programmes, ont aussi constitué le premier véritable momentum formel pour apprécier si et dans quelle mesure la Coopération luxembourgeoise et ses partenaires sont alignés et contribuent à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies, de ses 17 Objectifs de développement durable (ODD) et du principe de « ne laisser personne pour compte », adoptés en 2015, y compris des recommandations de la revue par les pairs du Luxembourg menée par le Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (CAD-OCDE) en 2017. En outre, elles ont permis pour certaines d’entre elles de déjà tenir compte des priorités et principes de positionnement et d’engagement du Luxembourg retenus dans le cadre de la nouvelle stratégie générale de la Coopération luxembourgeoise, intitulée « En route vers 2030 » adoptée en Conseil de gouvernement en septembre 2018. La conduite des revues à mi-parcours et les recommandations qui en ont ainsi pu être dégagées ont aussi marqué le début des réflexions et analyses en vue des phases d’identification et de planification d’éventuels prochains cycles de programmation PIC avec ces pays, dont le lancement sera probablement effectif à partir de 2021.
Sur le plan géographique, il convient en particulier de retenir la consolidation et la mise en cohérence des actions menées par le Luxembourg dans ses pays partenaires situés en Afrique de l’Ouest et dans la bande sahélienne, ceci notamment dans le contexte de sa présence de longue durée dans la sous-région et aussi dans le cadre de l’élargissement de son action sur le plan politico-diplomatique et en matière de défense, comme en témoigne l’adhésion du Luxembourg à l’Alliance Sahel en 2018. À noter également sur le plan interne que le gouvernement luxembourgeois a poursuivi, en 2018, les efforts de renforcement de la sûreté et de la sécurité du personnel des Ambassades et bureaux de la Coopération luxembourgeoise dans les pays sahéliens.
Sur le plan individuel des pays partenaires prioritaires, un des événements phares de l’année 2018 a été la visite officielle au Sénégal de Son Altesse Royale le Grand-Duc, du 21 au 23 janvier. À côté du ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, et de la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, la délégation de S.A.R. était par ailleurs accompagnée d’une importante mission économique composée de représentants du secteur privé luxembourgeois. La visite officielle a également permis de procéder en marge de celle-ci à la signature du désormais quatrième Programme indicatif de Coopération entre le Luxembourg et le Sénégal. Couvrant la période 2018-2022, ce PIC de quatrième génération a notamment permis de resserrer le positionnement stratégique de la Coopération luxembourgeoise en passant de cinq à deux secteurs d’intervention prioritaires que sont la « santé et la protection sociale » et « la formation professionnelle et technique et l’employabilité des jeunes ».
Au Mali, où s’est poursuivi la mise en œuvre du PIC III (2015-2019), l’année 2018 a consacré le 20e anniversaire de la signature de l’Accord général de coopération entre les autorités maliennes et luxembourgeoises. Àcôté d’une action renforcée en faveur de la gouvernance, du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans cet État sahélien, le Luxembourg a approfondi son engagement sur le plan de la sécurité et de la défense. Ceci en particulier à travers des appuis aux missions de soutien civiles et militaires de l’Union européenne, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ainsi que de la force conjointe du G5 Sahel.
En Amérique centrale, l’année 2018 a été entachée par le début de la crise socio-politique qui secoue le Nicaragua depuis la répression violente des manifestations populaires d’avril 2018 et à la suite desquelles le Luxembourg a suspendu la signature prévue d’un nouveau PIC, ainsi que tout déboursement direct de fonds aux autorités nicaraguayennes. Malgré une situation qui reste très volatile, le Luxembourg a décidé d’y maintenir la présence de la Coopération luxembourgeoise, tout en renforçant en parallèle ses appuis aux organisations multilatérales et issues de la société civile, qui interviennent en particulier sur la protection des droits de l’homme et du respect de l’État de droit.