Préface

Préface de Madame la ministre

Chers(ères) ami(e)s de la Coopération luxembourgeoise,

Je suis honorée d’avoir été désignée à la tête du département de la Coopération au développement et de l’Action humanitaire du Luxembourg, en décembre 2018. Cette coopération est l’expression de la solidarité du peuple luxembourgeois avec les populations et les pays les plus démunis et elle témoigne de notre responsabilité partagée dans le monde. Les Luxembourgeois connaissent l’importance d’une cohésion internationale et même si nous sommes un petit pays, nous n’en sommes pas moins un partenaire respecté avec un bilan impressionnant dans le domaine de la coopération au développement internationale. Notre voix est entendue et nous proposons des solutions concrètes sur le terrain dans des pays et contextes souvent très difficiles.

Si le taux de pauvreté global a diminué au cours des dernières décennies, près de 800 millions de personnes vivent toujours en extrême pauvreté et ce chiffre continue à augmenter, surtout dans les pays fragiles. De plus, les défis globaux comme le changement climatique, la pauvreté, les conflits et les crises humanitaires deviennent de plus en plus complexes et interconnectés. Des millions de gens sont déplacés de force et aucun pays ne peut relever tous ces défis à lui seul. C’est pourquoi la Coopération luxembourgeoise mise sur des partenariats réels et diversifiés pour mettre en œuvre les Objectifs de développement durable d’ici 2030.

Sous mon prédécesseur Romain Schneider, une nouvelle stratégie générale de la coopération a été élaborée en 2018, de manière participative avec les principaux acteurs luxembourgeois : les nombreuses ONG, l’agence LuxDev, les ministères des Finances et de l’Environnement, le Parlement et des représentants du secteur privé ainsi que du monde de la recherche. Selon le principe de « ne laisser personne pour compte», cette stratégie s’articule autour de quatre thématiques visant les services sociaux de base, l’intégration socio-économique des femmes et des jeunes, la croissance durable et la gouvernance inclusive. Les thèmes du genre, de l’environnement et des droits de l’homme étant pris en compte de manière transversale.

La stratégie a été présentée au cours des Assises de la Coopération, qui ont de nouveau réuni plus de 200 acteurs et partenaires nationaux et internationaux et qui ont également été l’occasion pour lancer la nouvelle identité visuelle de la Coopération luxembourgeoise. Un autre événement phare des Assises était la célébration du 40e anniversaire de LuxDev. À travers des témoignages vidéos et des tables rondes, l’agence a su démontrer l’impact de son action sur le terrain et l’évolution de ses modalités de mise en œuvre au cours des quatre dernières décennies.

Il est en effet important de pouvoir montrer l’impact concret de l’aide publique au développement (APD). Elle s’est élevée à 401 millions d’euros en 2018, ce qui représente 0,98 % de notre revenu national brut (RNB), plaçant ainsi le Luxembourg en deuxième place des pays les plus généreux en matière d’APD. Seuls cinq pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont atteint ou dépassé la cible de 0,7 % de l’APD par rapport au revenu national brut : la Suède, le Luxembourg, la Norvège, le Danemark et le Royaume-Uni. Il est par ailleurs inquiétant de voir que l’aide publique globale, qui était de 153 milliards USD en 2018, a baissé de 2,7 % par rapport à l’année dernière et notamment la part dédiée aux pays les moins avancés (PMA) a diminué. Ensemble avec les pays « like-minded », le Luxembourg continue donc son plaidoyer au sein de l’OCDE et de l’Union européenne pour une aide publique au développement importante, qui doit aussi servir de levier pour mobiliser des investissements privés.

Le programme gouvernemental 2018-2023 prévoit de maintenir l’effort luxembourgeois en matière de coopération à 1 % du RNB. Le Luxembourg continuera par ailleurs à appliquer l’additionnalité des fonds investis pour le financement climatique international et pour l’accueil de réfugiés. Afin de garantir un impact maximal, notre aide bilatérale continuera à se concentrer géographiquement sur un nombre restreint de pays partenaires prioritaires, en particulier les PMA situés en Afrique de l’Ouest et dans la zone du Sahel. En parallèle, la Coopération luxembourgeoise maintiendra sa présence en Asie et en Amérique latine et développera son activité dans de nouveaux pays.

L’action du nouveau gouvernement se situe donc dans la continuité, tout en misant sur une approche plus intégrée et sur l’innovation, notamment dans les domaines dans lesquels le Luxembourg dispose d’une expertise spécifique. Une approche pangouvernementale sera ainsi mise en œuvre dans les pays partenaires prioritaires, afin de renforcer la cohérence et les synergies entre les actions de développement et d’autres domaines, comme ceux de la lutte contre les changements climatiques, des relations économiques, culturelles, politiques et sécuritaires.

La visite officielle au Sénégal de Son Altesse Royale le Grand-Duc, en janvier 2018 a pu démontrer la pertinence d’une telle approche, à travers la participation du ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, de la ministre de l’Environnement et de la Secrétaire d’État à l’Économie, qui était accompagnée d’une mission économique composée de représentants du secteur privé luxembourgeois. Durant cette visite, le quatrième Programme indicatif de Coopération entre le Luxembourg et le Sénégal a par ailleurs pu être signé.

Tout en maintenant le caractère non lié de notre aide, je tiens à encourager un engagement responsable du secteur privé, notamment à travers des partenariats publics-privés innovants qui pourront contribuer à une croissance inclusive et durable. Le Luxembourg étant un centre financier international de premier plan, il me semble logique d’utiliser le savoir-faire de la place pour favoriser la mobilisation de ressources financières pour le pays en développement, notamment à travers des mécanismes financiers innovants et des investissements d’impact responsable. Dans le même ordre d’idées, les compétences luxembourgeoises dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des données numériques (data) me semblent être des atouts indispensables pour une coopération au développement innovante et efficace.

Les TICs jouent aussi un rôle important dans le domaine de l’aide humanitaire, comme nous avons pu nous en rendre compte lors de la réunion annuelle du Emergency Telecomunication Cluster (ETC) qui s’est tenue à Luxembourg en mai 2018 et qui a rassemblé la communauté humanitaire internationale active en matière de communication d’urgence. Grâce à emergency.lu, notre projet phare en la matière, mis en œuvre à travers un partenariat public-privé et en collaboration avec le Programme alimentaire mondial, le Luxembourg se situe comme partenaire innovant dans ce domaine.

Une autre spécificité de la Coopération luxembourgeoise qui me tient très à cœur est celle de l’importance accordée aux ONG de développement. Les ONG ont mis en œuvre quelque 19,4 % de notre APD en 2018 et elles travaillent au plus près des bénéficiaires sur le terrain. Elles sont par ailleurs des acteurs indispensables pour renforcer les capacités de la société civile dans nos pays partenaires, favorisant ainsi la bonne gouvernance. Ensemble avec le Cercle de Coopération, je compte renforcer les partenariats avec la société civile en travaillant notamment sur l’efficacité de la coopération avec les ONG. 

Ce rapport, dont j’espère que vous apprécierez la lecture, répond aussi à un souci de transparence et de redevabilité envers la population luxembourgeoise sur la bonne utilisation des deniers publics et l’impact de nos programmes sur le terrain. Il montre comment le Luxembourg s’engage pour aider les populations et les pays les plus défavorisés et comment il œuvre en faveur de l’atteinte des Objectifs de développement durable. J’aimerais donc profiter de cette occasion pour remercier chaleureusement tous les acteurs de la Coopération luxembourgeoise qui se sont engagés en 2018, et continuent à s’engager tous les jours pour un monde meilleur et plus responsable.

Paulette Lenert

Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire